Comment ça a commencé ou comment débuter de la figuration? #cinéma #figuration

Suite à mon mini-discours qui chantait des louanges de ma petite expérience lors de ma journée en tant que figurant de la série phénomène Versailles de Canal+, beaucoup d'entre vous m'ont demandé comment j'y suis parvenu à avoir cette possibilité/chance, car il est vrai que ça donne envie.

Le chemin était long et pas facile d'accès, j'ai dû attendre d'y accéder par de nombreux refus à des propositions de casting sur internet (qui se traduisent par : des vents, pas de réponses à vos mails). Il faut savoir avant tout que les directeurs de casting pour les figurants cherchent des comédiens et comédiennes avant tout (sur votre fiche de paie, vous aurez le nom d' "Acteur de complément", en tout cas, jusqu'ici, ça été mon cas), mais, dans certains cas, ils peuvent trouver des personnes avec un métier qui n'a rien avoir avec le spectacle (un(e) serveur, un(e) infirmier(e), un(e) vendeur(se), ...) pour que certaines scènes aient plus de réalisme, plus de naturel.

***

  • Comment j'ai dit au cinéma que j'étais là?
Le tout a commencé lorsque pendant mon année (pas plus éloigné que le mois de juin 2015 il me semble) où je ne faisais... rien (fac à Paris III, boulot à Barbès, logement à Château-Rouge : tous quittés après 2 semaines de rentrée). Mais, mes ambitions/rêves pour devenir comédien étaient, et restaient intactes, et sans failles. Et même si je n'ai vu extrêmement peu d'acteurs connus aujourd'hui, dire qu'ils ont commencé à faire de la figuration, ça m'aurait plu de connaitre d'un peu plus près ce qu'il s'y cachait dans les alentours de la caméra, aussi bien chez l'équipe technique, que chez les acteurs, le réalisateur, et tout et tout. Alors, enchaînant les vents des candidatures envoyées, je finis (enfin!) par recevoir un mail positif qui me demande de venir sur Paris, au Pôle Emploi du 15e arr. (le Pôle Emploi des Arts du spectacle à ce que j'ai compris) pour faire des photos et compléter ma candidature. Suite à un créneau choisit sur un calendrier numérique, je me rend à l'adresse indiquée pour découvrir qu'il s'agit d'un casting si long que le bout de la file s'allonge jusqu'au bord du trottoir... La file d'attente est longue, mais... entre les jolies filles et les gens sympas avec qui on papote vite fait, ça vous fait passer le temps d'une manière assez fluide. Puis des sièges sont là pour notre confort assez rapidement dans la file, qui prend la forme d'un labyrinthe.

Enfin! on finit par me demander mon n° de la secu, mon adresse, et le reste de mes coordonnées. Puis, un photographe professionnel me prend de profil, et une autre, me prend en pied, pour avoir des photos plus nets, qui ressortent des photos faites à l'arrache par webcam. Et on repart une fois inscrits.

Quelques semaines plus tard, je reçois un mail retardé me disant que je n'étais pas retenu (malheureusement). Ce genre de vent prend pour une fois, la forme d'une réponse. Autant voir le côté positif de la chose.

  • La 1ère expérience devant la caméra : un téléfilm
Cependant, le 25 juillet en début d'après-midi, je suis appelé par un SMS de la part d'un directeur de casting qui me donne une date (6 août), une heure (15h30 jusqu'à 2h du mat environ), et un lieu (Meaux) pour le tournage d'un téléfilm pour jouer une scène de teuf. Lorsque j'accepte (puisque je rappelle que je suis à 200% dispo pour tout le long de l'année scolaire) avec joie, il me répond 10 jours, le 4 août (moralité : être patient après la réponse d'une proposition), après (à moi et à tous les ados figurants appelés pour la soirée vu la rédaction du SMS) pour nous indiquer quoi porter (pas de noir, décontracté), comment se coiffer ("en mode Beau Gosse (gel dans les cheveux etc..."; éviter le noir et le blanc; etc...), et surtout, apporter son RIB, sans ce dernier on passe une soirée à se faire indiquer comment faire la teuf sans être payé.

Donc, après être arrivé à l'heure au rendez-vous prit dans la salle du bistrot non loin de la gare de Meaux, et près de la maison louée pour le tournage, avec le directeur de casting que l'on rencontre en personne, au milieu d'adolescents qui arrivent petit à petit, et s'assoient aux tables. Une fois arrivés, on signe notre contrat de travail et nous donnons notre RIB.

J'apprend vite que c'est en me présentant au Pôle Emploi du 15e arr. il y a quelques temps que j'ai été repéré pour participer à ce projet. J'étais le seul dans ce cas, puisque tous les autres avaient envoyé leur photo à partir d'un selfie, une photo d'identité, ou par webcam. Je note également que j'étais un, du peu de 19-20 ans, alors que tous les autres avaient 15 ans au minimum. Et on était à peine deux, à vouloir travailler dans le cinéma. Ce qui n'empêche pas un courant qui passe parfaitement avec mes voisins de table et avec qui je reste longtemps pendant le tournage pour tourner les différentes prises orchestrées par le réalisateur (souvent capricieux mais bon... c'est la fête!).

Entre l'ambiance, le festin de roi au grand air au bord de la rivière, les amitiés naissants au milieu d'une fête, d'un feu de camp à la belle étoile, cette première expérience à la caméra devient alors immortelle dans ma mémoire.

Malheureusement, lors de mon trajet de retour, mon pass Navigo est perdu, et je ne peux pas me rendre au lycée de Tournan pour une autre journée de tournage que le directeur de casting me propose le lendemain par texto... Vraiment dommage mais au moins j'ai gardé contact avec mes amis de ce tournage, et je me dis que comme cette transmission de candidature du Pôle Emploi jusqu'à ce recruteur, ça pouvait se transmettre encore ailleurs et ainsi, vivre encore malgré tout, d'autres expériences de ce genre.

Là où ça fait (encore +) mal... : par la même occasion, en septembre, on m'appelle... puis on me refuse un tournage en France pour un film d'époque avec Lily-Rose Depp et Natalie Portman!!! à cause d'une histoire de taille de veste et de pantalon (faut croire que j'étais trop large pour ce qu'ils avaient en stock)... Aïe!.. Si en plus le film connait son grand succès tant attendu, je vais avoir encore plus les boules de me rendre compte que je n'ai pas participé au projet à cause de ces poignets d'amour...

  • La 2e expérience devant la caméra : un film de cinéma
Jeudi 1er octobre : Une matinée, alors que j'attendais patiemment devant un cinéma, la projection d'un court-métrage dans lequel un de mes amis jouait, je reçois - justement à l'instant où je me trouve sur Paris! un appel d'une directrice de casting pour faire des essayages costumes et coiffures pour un film d'époque de François Ozon (Ricky, Angel, Huit femmes...). Rien qu'en entendant les mots "film d'époque" et "François Ozon"... je me retiens de hurler de joie! Fan des films d'époque, et des films de ce grand réalisateur qu'est François Ozon, j'accepte humblement pour venir l'après-midi même, pour ces essayages.

Entre ça et mon admission au Conservatoire du XVIIe qui s'était annoncé la semaine dernière pour des cours qui commençaient le lendemain du tournage... les bonnes nouvelles s'accumulaient superbement!

En me voyant, à l'accueil de l'étage indiqué, elle me fixe - ce qui ne manque pas de m'effrayer car ça me faisait penser qu'elle changeait d'avis (elle aussi)... Puis je répond à sa question : "je fais 1,80 m" sous un air apeuré... Enfin, elle soupire de soulagement en me demandant de ne surtout pas grandir d'un centimètre de plus, car cette taille en était le maximum.

Après une coupe de cheveux gratuite (hyper classe d'ailleurs), je sympathise déjà avec un comédien qui fait les essayes en même temps que moi. Je ressors avec un rendez-vous fixé pour le 5 octobre pour jouer un blessé militaire de la Première Guerre Mondiale, au collège de la Légion d'honneur de Saint-Denis qui servira d'hôpital. La coupe me va TROP BIEN et truc incroyable : elle tient! même sans laque! (du moins pour les deux trois jours qui suivent).



Lundi 5 octobre : Je me lève très tôt (vers 4h du matin minimum) le jour J pour prendre un des premiers trains du matin à la gare de Coulommiers jusqu'à Paris, pour marcher jusqu'à la Gare du Nord et prendre un train pour Saint-Denis (toujours en fraude puisque je rappelle que je n'ai toujours pas de pass), et enfin, marcher, parfois même courir puisque j'arrive en retard à l'heure demandée. Mais, heureusement, comme l'endroit avait changé entre les essayages et le jour du tournage, ils se sont montrés compréhensifs et m'ont dit que ce n'était pas grave du tout, et d'arriver à l'heure à laquelle je pouvais. Donc je donne ma carte d'identité à l'accueil, qui m'indique le chemin sans m'accompagner, je ne me perds pas du tout - d'autant plus qu'ils nous avaient transféré un plan du site pour se rendre au bâtiment prévu pour les figurants. Ce qui m'a impressionné par contre, c'est d'être au milieu d'un parc d'un château, la nuit!... J'ai adoré!

Arrivé, rituel habituel : présentation, lecture du contrat, donation du RIB, patience le temps d'avoir une place aux côtés des habillages garçons, puis me voilà avec une veste militaire (ce qui n'était pas prévu lors de mes essayages), un pantalon de civile marron et des chaussures noires. Le seul truc qui m'a bien emmer... heu... enquiquiné, c'est que je n'ai été ni coiffé, ni maquillé. Juste le temps de créer des liens avec les autres dont la plupart, étaient de véritables infirmières (habillées en blanc), avec un ou deux médecins (habillés en médecins militaires), et d'être tous envoyés sur l'arrière du bâtiment sur tout le parc aux alentours boisés (la partie la plus en hauteur à droite sur la photo). J'avais non seulement hâte de croiser le regard du réalisateur, mais j'ai eu littéralement l'impression d'être revenu au début du XXe siècle pendant un instant, en voyant les infirmières voilés en blanc près de l'ancienne voiture et de quelques fauteuils à bascules, anciennes prothèses, etc...

Il faisait tellement froid pour les autres, que la production a prévu des couvertures entre 2 prises, mais moi entre mon sens de non-frileux en éveil et les vêtements chauds que je portais, je faisais parti du peu qui refusait poliment les couvertures épaisses proposées. Tous, nous apercevons que pour être encore plus dans le réalisme, de donner l'impression que nous étions dans un hôpital bondé de patients blessés sur le champ de bataille, ils ont également fait rejoindre à l'équipe, plusieurs civiles, défigurés, amputés, anciens brûlés,... Certes, mon cœur en a été pincé de voir ces personnes à part, mais par chance, j'avais autrefois fait un weekend de théâtre de rue, où, avec la troupe qui m'accompagnait, nous faisions dans des hôpitaux spécialisés un petit spectacle, ce qui leur donnait aussitôt un sourire qui nous mettait du baume au cœur. Par ailleurs, c'est ce qui m'arriva en ce jour de tournage, lorsque je croisais enfin le regard du génie du cinéma français, j'ai nommé François Ozon. Il a eu le regard posé sur moi pendant de longues secondes, assez le temps pour avoir l'air perplexe, et trouver la force pour ne pas virer à l'écarlate (et cela, 2 fois!).

Sur ce, la première prise fût lancé quelques minutes plus tard (alors que ça m'aurait donné largement le temps de me me faire coiffer et de me maquiller! pu****!). La responsable du placement des figurants nous plaça, moi et une jeune femme, très jolie qui plus est, sur le bord du gravier pour marcher vers l'entrée du bâtiment - où nous nous sommes fixés tous les deux, étant donné qu'on était isolés par rapport aux autres pour combler le vide, de partir depuis le niveau d'une gouttière car c'était très vagues comme indications. Celles-ci peuvent être ainsi parfois, lorsque l'équipe est pressée, mais bon, c'était pas la Lune qu'elle nous avait demandé, on avait juste à marcher. Les femmes jouaient soit des infirmières, soit des visiteuses qui rendaient visite à leur famille. Et la femme qui me tenait le bras lorsque nous flânions dans ce parc, était une visiteuse, comédienne et chanteuse meldoise.

Pas de micros, nous pouvions donc parler de notre vie actuelle lorsque nous marchions. Alors, après quelques prises, nous changions d'endroit. Ce qui me décevait, mais qui ne pouvait se faire autrement, c'était les figurants mis de côté pour éviter d'en faire de trop. Mais peu importe pour leur cachet, cela restera calculé en fonction dans leur présence avec l'équipe du tournage, à moins de faire des heures sup si nécessaire. J'apprend plus tard que les scènes dans lesquels nous tournions en ce moment seraient enregistrés en noir et blanc tandis que la caméra et le réalisateur se trouvent à l'opposé du parc pour le moment.

Nous tournons enfin un autre plan, où ne nous dépassons pas le hall d'entrée, la caméra reste dehors orientée vers la porte, ainsi, sans en avoir l'air, je peux observer le travail de François Ozon de plus près et ne pouvais qu'être en totale admiration devant son travail qui n'avait rien avoir avec le travail du Didier Bivel (le réalisateur du téléfilm sur Meaux), et même le metteur en scène de la série Versailles. Et malgré le nombre, que les figurants autres croyaient incessants, de prises du même plan, je restais fasciné par sa façon de travailler, par son sens de l'observation pour ce qui est de l’arrangement des détails de son film.

C'est d'ailleurs en refaisant le même plan, toujours au bras de la même comédienne à mon bras, que François Ozon insistait pour qu'on me fasse porter un couvre-chef (histoire d'avant tout, cacher ma non-coiffure), et un des employés des costumes fait un aller-retour en courant comme un fou à lier, pour en rapporter depuis le bâtiment des figurants. Heureusement, ils m'ont pas attendu pour tourner, le temps que le gars revienne, ils étaient encore en train de régler quelques trucs avec les autres figurants, et de redonner un petit coup de maquillage à la comédienne principale, (une allemande, Paula Beer) et d'autres trucs. C'est pas comme si l'espace des figurants et costumes se trouvaient à 15 km non plus. La jeune femme qui m'accompagnait et moi avaient pour simple mission, de sortir sur notre gauche du perron, sans dire à mot tandis que la comédienne principale rentrait dans le bâtiment.
Le gars des costumes est revenu avec un sachet transparent remplit de couvre-chefs, et m'y pioche gentiment un calot assortit à la veste. Les prises reprennent de plus belle, et s'arrêtent avant que nous pénétrâmes dans les couloirs pour tourner une autre scène.

Là je me sépare de ma partenaire pour jouer aux dames avec une personne portant son handicap au visage, mais je reste normal quoi qu'il arrive, sans me forcer. L'accessoiriste, à peine la première prise terminée, demande dans le tas si quelqu'un fumait, sans avoir de réponse comme si on l'ignorait. Donc, je me dévoue, bien que je ne fume pas, mais au moins je supporte la cigarette. Mais pas de briquets, non! une petite boîte d'allumettes toute colorée, avec une guitare électrique imprimé dessus, c'est pour ça qu'il me demande de cacher la boîte, que je dissimule derrière le jeu de dominos.
Mon jeu sur cette scène : assis sur une chaise au pied d'une fenêtre et de ceux d'une table, boire un médicament sous les ordres de l'infirmière qui me le prescrit, et donner l'impression qu'il est infâme, puis reprendre la partie de dames avec mon frère d'armes sous l'arbitrage d'un autre patient assis à côté. Pendant ce temps, Paula Beer longe le couloir avec un docteur au milieu de visiteurs, patients, et infirmières. Une cigarette avec moi, tient sur 2 prises. L'inconvénient : étant donné qu'il s'agit de véritables imitations d'anciennes cigarettes des années 1910, il n'y a pas de filtre blanc, donc, entre 2 prises, me voilà à postillonner, discrètement, dans le vide, pour enlever les touts petits morceaux de tabac depuis le bout de ma langue, qui s'y retrouvaient facilement à chaque inspiration. Enfin, je fus envoyé à l'arrière de la caméra pour faire de la place, et tourner un autre plan, et y retourner à peine 10 minutes plus tard. Être derrière la caméra, c'était voir aussi le regard que portait monsieur Ozon sur son travail, et comment il s'y appliquait.

Après le déjeuner, dans une tente, à l'abris de l'averse, nous déjeunions, une fois plus, comme des stars (oui! encore pleins de 'cochonneries' au buffet... mais délicieuses! j'ai aussi le souvenir de m'être empiffré comme personnes ). Là, c'est encore une occasion de faire plus ample connaissance avec les figurants. Puis, de retour dans l'espace des figurants avec les costumes, on attend de reprendre le tournage, certains partent, d'autres restent. Chez les hommes, on change les civils en soldat, ou vice-versa, je me souviens plus très bien.

Toujours est-il que je me montre toujours autant disponible, mais hélas, je me fais limite défoncer moralement lorsque je me retrouve dans le groupe de ceux qu'on a plus besoin... J'ai même pas pris le temps de me prendre en photo dans ce costume pour le montrer à mes grands-parents. J'espère donc pouvoir le montrer au cinéma, avec les plans qu'on a fait, et vu le nombre de fois que la caméra m'a presque frôlé, de même pour Paula Beer... j'ai bon espoir. Pour le trajet en retour, je vous raconte pas comment on a couru avec notre groupe "d'exclus" pour arriver jusqu'à la ligne 13 du métro proche, avec les cordes qui nous tombaient sur la tête, nous transperçaient nos vêtements, nos godasses... à moi c'est sûr, d'autant plus que je n'avais de capuche!

Enfin... une fois arrivés à la station on a bien ri, et je ne garde que de bons souvenirs de cette journée : les rencontres, les croisements de regard avec Le Seul et Unique François Ozon, d'avoir participé à son futur film (sortie prévu le 14 septembre 2016), d'avoir voyagé si tôt au cours de ma carrière dans le temps, et de découvrir un nouveau genre : le cinéma.

  • La 3e expérience devant la caméra : une série française parsemée d'acteurs britanniques
Vous l'aurez compris, il s'agit de ma dernière expérience récente en tant que figurant. Et il s'agit bien de la série Versailles, connue pour sa création signée Canal+.

Je ne pensais beaucoup moins à la figuration depuis que j'étais admis au Conservatoire du 17e arr. de Paris en Art Dramatique. De plus, en décembre, je trouve un travail dans le Marais, donc à partir de là je mets de côté pour toute la durée de mon CDD dans la boutique, l'idée de faire des castings, puisque les études et ce taf prenaient tout mon temps, du moins assez pour voir que mon emploi du temps n'avaient pas assez d'heures longues qui me permettrait de faire une journée de tournage. Le lundi est devenu mon weekend, alors je restai au lit tant j'étais crevé de mon travail souvent tyrannique à la boutique du mercredi au dimanche midi. Et comme une journée de figuration peut être follement épuisante (vous le saurez en lisant notamment la première, mais aussi cette dernière expérience), je ne voulais pas être naze pour le reste de la semaine, vous comprenez. C'était déjà assez dur d'imposer un certain équilibre entre ma vie active (avec un "boulot normal" = non artistique) et mes études.

Bref! Un après-midi au travail, un message sur mon répondeur. Je termine ma journée à 20h, et à cette heure-ci, je n'ai pas le temps d'appeler, ou de faire quoi que ce soit d'autre, si ce n'est mettre mes écouteurs, le portable activé sur la playlist "Cours! Sauves-toi!" qui reprend des musiques de films où le personnage doit s'enfuir, se presser, ou des bandes-annonces entraînantes pour avoir la sensation de courir plus vite pour avoir, en moins d'un quart d'heure le train de 20h16 pour Coulommiers, et éviter de poiroter 1h à la Gare de l'Est pour le prochain... Le tout se jouait à seulement 4 minutes, dès 20h, devant la boutique, à un peu moins de 10 minutes de la Place de la République...

Lorsque j'écoute le message avant de commencer ma course... une agente me propose 2 JOURNÉES de figuration (une grande 1ère!) pour la série Versailles de Canal+. Je vous raconte pas l'élan de malade qui est descendue dans mes jambes. Une fois assis dans le train, je réécoute le message pour savoir si je n'ai pas rêvé suite à la fatigue, et je laisse un message sur la boîte vocale en disant que j'étais disponible pour les 2 journées de tournage qui se passaient par chance, pendant les vacances de février.

Le lundi, elle me rappelle pour que je lui transmette les mensurations (encore). Je lui envoie le tout par SMS et m'envoie en retour les dates et les indications concernant les essayages. J'ai donc rendez-vous dans les studios de Bry-sur-Marne (je ne savais pas avant ce jour que ça existait, je pensais qu'ils ne tournaient ça que dans divers châteaux de France). Rien que de penser que je pourrai jouer dans une série française où les acteurs sont, la plupart, anglais, et peut-être tourner avec Alexis Michalik qui a un rôle secondaire dans la série, me fait sourire comme le chat de Cheshire.

Mardi 9 février : viré de mon taf, la figuration reste ma seule issue désormais pour me faire un peu d'argent.

Mercredi 10 février : Les essayages costumes se passent bien, à l'accueil, on me complimente sur ma taille, mes épaules bien carrées, pour finir par, je cite "Mais t'es parfait!"... si ce n'est un problème au niveau du nombril, et les costumiers notent sur ma fiche qu'il faudra déplacer au moins 3 boutons d'un cm environ... La gêne... La première fois que je porte des talons (jusqu'ici je me contentais de mini-talonnettes sous mes chaussures de ville) et des collants (avant c'était pour mes premiers pas sur scène pour cacher mes cheveux en plus... pas les jambes... ^^). Voilà que le tour est joué, portant l'uniforme de serviteur-militaire, un truc comme ça. La phase qui m'a rendu écarlate, c'est l'essayage de costume... dans le genre bizarre, genre le Chapelier Fou, j’excellais! Les cheveux longs, jusqu'à la moitié des omoplates, ça me faisait trop bizarre. Non rien à voir avec le fait que je porte des talons et des collants... non ^^

Quelques jours plus tard, l'agente me rappelle pour me dire que ça ne passait pas en tant que serviteur...! re-AÏE!!! Mais... aussitôt, elle se rattrape et me demande alors de refaire des essayages costume pour jouer le rôle d'un noble de la cour. Bon, au moins je monte en grade au sein de cette société fictive. Je savais même comment me faire appeler, un nom d'aristocrate qui n'existe nul-part ailleurs que dans mon roman... Mais bon, ça m'aurait étonné qu'ils envisageaient des présentations de quelques figurants sur les scènes qu'on allait tourner, mais ça m'empêchait pas d'en rêver un petit peu. Tournage prévu le 4 mars.

J'ai donc ré-essayé les collants, les talons, une veste, une chemise, enfin bref, du neuf du tout au tout. J'ai même un couvre-chef digne d'un des plus grands classiques d'Alexandre Dumas, je vous laisse deviner lequel avec la photo ci-contre... Enfin voilà, sans les cheveux coiffés sous permanentes, presque frisées, je ressemblais presque au capitaine Crochet. Non ce n'est pas ce surnom de noble que je m'étais choisit. Sans la perruque et le chapeau, j'avais tellement plus de classe! Bref! Au moins, là, ma journée de tournage était définitivement fixée, et garantie.

Vendredi 4 mars : Après quelques semaines d'impatience, les vacances commencent, et je m'ennuie encore plus, puisqu'il n'y a plus cours, c'est pour vous dire. Le jour du tournage, on me réclame d'être présent devant la gare de RER à Bry-sur-Marne pour 7h15, et surtout pas plus tard pour monter dans la camionnette qui emmène les figurants sur le plateau. Lorsque je lui avoue que je ne pourrai être présent qu'avant 7h21, elle râle en peu de mots pour me dire de faire du mieux que je peux, parce que "ça pose un problème" (étant donné que les bus réguliers pour le plateau démarrent vers 7h30, d'où la présence de la camionnette). Mais bon, je m'arrange avec ma mère pour qu'on reprenne le programme comme le matin pour le film de François Ozon (réveil vers 4h du matin). Juste une aide à l'allée de ce genre de la part d'un de ses proches peut vous sauver la vie. Donc j'y suis à Bry-sur-Marne, et même en avance.

Mais arrivé sur place, je me doutais que l'agente de l'autre côté des SMS se trompait en disant que ça poserait problème : l'équipe elle-même était super en retard, même avec une dizaine de figurants toujours non présents, au niveau des costumes et du maquillage, ça bouchait. Le pire, c'est que les autres qui arrivaient après moi, avaient rendez-vous à l'heure à laquelle je devais arriver de base... Oh les boules! Au moins, ils savent que nous nous sommes tous levé tôt, donc au moins nous avions un petit déjeuner à disposition.

Habillé, maquillé, perruqué, me voilà officiellement déclaré membre de la cour du roi. Lors de la première prise, moi et quelques autres figurants arrivons trop tard, et sommes placés à l'arrière du décor. Rien que d'entendre les comédiennes qui faisaient leur entrée, et de les entendre, j'ai eu beaucoup de mal à me retenir de montrer mon visage enthousiaste à l'idée de jouer au milieu d'une distribution britannique! Au bout d'un quart d'heure, beaucoup de figurants sont demandés à se retirer du plateau. Enfin, c'est l'intégralité de la figuration qui y est appelé.

Au bout de quelques minutes, de placements, et replacements de mon être à différents endroits de la pièce (au bord de fenêtre, puis au balcon) qui n'est autre qu'une réplique incroyable d'une anti-chambre du château, me voilà, un des admirateurs, un favori de la duchesse Athénaïs de Montespan, interprétée par Anna Brewster (voir la photo ci-contre). Nous devions rire à chaque fin de phrase précise parmi toutes celles qu'elle répliquait. J'ose à peine vous décrire l'angoisse que j'ai ressenti sur l'instant qui précédait notre première prise, contrairement à mes autres journées de tournage. Pourtant, ça s'est fait tout seul. Voilà donc, qu'après quelques prises, quelques plans, nous arrivons à faire la scène comme il faut.


Puis... MANGER!!! Le repas, sous une tente à l'extérieure, nous sommes aimablement servis avec un choix très difficile sur celui du plat principal. Le plus marrant, mais beaucoup moins classe, c'était les manchons en plastiques ainsi que le tablier de même matière que nous portions lors du repas pour éviter de tâcher nos vêtements et nos manches de dentelles. De l'entrée au dessert... DIVIN! Seul hic qui touchait notamment les filles : à cause des corsets serrés, elles ne pouvait avaler qu'à peine la moitié de ce qu'elles voulaient, et, leurs vêtements ne leur permettaient pas de tendre leurs bras à leur guise. Moi je me suis privé de rien! ^^ Ensuite les prises ont recommencé de plus belle, après avoir remercié les touts-sourires cuistots.

Le plus dur, tenir aussi longtemps sur des talons, juste au moment où tu commences à bien suer. Surtout que toutes les scènes dans lesquelles je tournais, j'étais debout. Si ça c'est pas héroïque. Enfin, pendant le repas, entre les prises, j'ai pas mal sympathisé avec des gens avec qui je garde contact.


Voilà, en une année, à l'aube de mes 20 ans,
j'ai eu l'opportunité de tourner dans un téléfilm,
un film d'un de mes réalisateurs préférés, et une série de grande chaîne.

Je vous souhaite à tous de pouvoir vivre de telles expériences cinématographiques, et de forger autant et plus encore de superbes rencontres. Si vous voulez en vivre, voici des pages Facebook à liker pour y trouver facilement des annonces de figuration/rôles à la une : ACFDA (Association des Charges de Figuration et de Distribution Artistique), Colomba Marchetti...

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