Stage de coaching vocal et scénique aux Cours Florent (témoignage) #cours_florent #apprendre_à_chanter

Lucie Dolène
"Jouer la comédie [est] aussi important que chanter. Pour chanter il faut être comédien(ne), et inversement car c’est une belle discipline le chant, c’est quelque chose où vous arrivez à maîtriser votre colonne d’air et… à respirer! C’est important de simplement respirer en scène." - Lucie Dolène

Il n'y a plus grand chose à rajouter sur la citation de cette chanteuse et comédienne que vous connaissez sûrement comme Mme Samovar, en chantant et jouant une Histoire Éternelle (La Belle et la Bête, 1991 - premier doublage), ou l'entendant siffler en travaillant son rôle de Blanche-Neige
(Blanche-Neige et les 7 nains, 1937 - doublage de 1962). Ou bien peut-être en éclatant de rire devant son rôle de Dorothée dans la pièce Le noir te va si bien de Saul O'Hara dans le cadre de l'émission Au théâtre ce soir en 1975, où elle pousse la chansonnette de façon lyrique de temps en temps...
Et on pourrait sûrement s'attarder des heures sur la grande Dame qu'elle est devenue, tant par sa voix qu'elle a apporté à ses nombreux rôles, et à nos cœurs, ainsi que son combat pour la reconnaissance du monde du doublage, et j'en passe et des meilleurs de sa vie bien remplie (voir l'interview complète d'où est tirée la citation ici) ... Aujourd'hui je prends le temps surtout de vous raconter en grandes lignes, le stage que j'ai accompli aux Cours Florent cet été.

Pourquoi un stage aux Cours Florent?


Depuis que j'ai pris la décision de devenir acteur, j'ai toujours voulu essayer cette école bien connue des arts du spectacle français, bien qu'extrêmement chère... De plus, malgré la réputation souvent détestable (pas toujours) qui émanait de cette école, les bandes-annonces des spectacles m'ont toujours fasciné. C'est pour cela (comme je le disais ici), qu'un stage me permettrait d'y suivre une formation moins coûteuse, en restant intensif sur une semaine, et avoir pour moi, le nom de l'école sur mon CV artistique; accomplissant ainsi 2 vieux rêves d'adolescent, d'une pierre deux coups: faire les Cours Florent, et apprendre à chanter. Car chanter me titillait un peu plus l'esprit à une époque avant de connaitre celle où je redécouvrais la joie de jouer...


Pourquoi un stage de "coaching vocal et scénique"?

En lisant le programme sur le site du Cours Florent, il y avait exactement ce que je cherchais : une recherche à la maîtrise du système respiratoire, et à partir de là, interpréter un texte. Un peu comme un texte de théâtre, mais bien sûr, en chanson. Car depuis le temps que je fais du théâtre, on y a droit obligatoirement aux exercices de respiration lors des trainings avant de commencer un cours, mais sans forcément maîtriser ce souffle comme on le souhaite lors de nos interprétations.
De plus, les seuls cours de chant que je prenais, on nous demandait de chanter, sans vraiment d'échauffement, de vocalises. Le résultat en devenait lamentable à cause que je n'avais pas confiance, tant par la "beauté" de ma voix, mais surtout à cause de la peur de trop forcer sur mes cordes vocales et de me péter un truc. De plus, c'était 1h hebdo le soir, avec une petite dizaine d'élèves, donc ça vous laisse une idée sur ce qu'était le travail individuel.
Un stage donc centré sur le souffle, qui se conciliait avec la chanson et l'interprétation d'un texte (ainsi que son "décodage"), correspondait parfaitement à mes attentes.

Pourquoi chanter?

En plus de la citation d'introduction en début d'article, je sais que ma voix et ma respiration sont deux véritables problèmes : à chaque fin de passage d'une de mes scènes en cours de théâtre, je suis essoufflé, et tellement pressé dans le débit de mon texte, que je ne possède aucun rythme. Une gêne aussi visible que le nez au milieu de la figure.
Par ailleurs, en plus de l'avis de Lucie Dolène sur le chant pour un comédien, pour moi ce métier nécessite aussi la maîtrise du corps, et de son expression, donc de danser : j'ai été beaucoup formé à la danse dans mon parcours, et les cours de Nadia Vadori-Gauthier m'ont énormément apporté pour le côté théâtre : apprendre à éviter les gestes parasites, les piétinements, garder le dos droit, la présence scénique, etc... Et des cas comme ça, peuvent se présenter pour un comédien où il a de longues scènes sans dialogues.
Moi il me manquait donc le travail de la voix, pour avoir ainsi les outils d'un comédien. Après ça, je me suis dit qu'en travaillant ma voix, il serait un peu plus facile pour plus tard, d'entreprendre ENFIN un stage de doublage!
Et donc, avec les 3 disciplines du théâtre, de la danse, et du chant, pourquoi pas un jour m'engager dans un stage de comédie musicale...?

Le parcours libre des auditions.

La danse est quelque chose que je me suis toujours habitué à présenter lors des auditions des Conservatoires de Paris, à partir de chorégraphies de mes propres compositions. Car en plus de la scène dialoguée, les jurés sont susceptibles de vous demander ce qu'ils appellent un parcours libre : quelque chose qui s'écarte du théâtre comme une chorégraphie, une chanson, un numéro de cirque, de magie, un texte perso... Ce passage est censé nous représenter et doit venir de soi. MAIS, les auditions se déroulant vite (pas convaincus, ou retard dans le passage des candidats, ...), souvent coupés dans votre élan, le jury compte souvent, montre en main, le temps que vous passez de votre scène dialoguée à votre parcours libre, le temps imparti (admettons qu'ils définissent que votre passage doit durer 10 minutes à peine, il doit compter : la scène dialoguée, le parcours libre et l'entretien traditionnel) est compté dans vos changements (ex: changement de costumes, installation de décors, etc...).
Donc, pour moi, le chant, est un moyen "rapide, simple et efficace" si je peux dire, pour se représenter en scène lors d'un parcours libre d'une audition, car la scène dialoguée, est aussi une sorte d'échauffement supplémentaire pour chanter.
C'est aussi pour cela que j'ai envie d'intégrer une grande école d'art dramatique avec un cursus complet : avec les trois disciplines, les stages, cours supplémentaires, et masterclass proposés au cours du cursus, ça en devient des enseignements intéressants à découvrir, pour apprendre à les concilier.

Pourquoi maintenant?

Étant donné que le projet de faire un foutu stage aux Cours Florent se décalait à de nombreuses reprises à cause de je ne sais quelle force cosmique ou événement grave commis dans une vie antérieure qui me privait d'un travail pour payer ce stage... lors de mon dernier licenciement, j'ai décidé de ne pas me laisser faire par une autre conspiration de ce genre, et de remettre ce projet à... MAINTENANT! RIGHT NOW! Et ce, avec mes économies de ma dernière paye (sachant que je travaillais à mi-temps). Peu importe la ruine qui m'attendait à l'arrivée, j'étais sûr de moi, j'avais la procrastination en horreur, et je voulais me montrer prêt pour les éventuels cours de chant qui m'attendaient à la rentrée.
Mais à la fin de cette semaine de formation, je découvre que ce stage n'était quasiment plus une histoire d'argent économisé, de cours de chant passés ou futurs, ou bien même de réputation d'école privée, mais ressemblait bien plus au destin... Un bien joli destin...

Un peu avant le stage

Le temps du stage, je logeais du côté de Montparnasse. Et depuis que mes cours étaient finis au Conservatoire du XVIIe, je m'ennuyais à mourir... Si bien que j'avais l'impression d'être revenu au temps où j'avais une année sabbatique après le bac.
Mon travail sur ce stage a commencé deux semaines à l'avance​, lorsque je reçois un mail de la responsable pédagogique, qui m'envoie :
* un questionnaire à remplir directement sur traitement de texte pour que les professeurs nous connaissent mieux, sur notre parcours et notre personne (le spectacle reste un domaine de travail très humain);
* une très très très très très longue liste de chansons (pas moins de 375), nous devions en choisir deux parmi celles-ci, OU dans le cas où les professeurs accepteraient notre choix (notamment à cause de l'accompagnement au piano), une chanson de notre choix;
* le programme de chaque jour de la semaine.
Parmi les 14 demi-journée des 7 jours qui composaient cette semaine, chacune possédait un programme bien défini. Et chaque demi-journée ne faisait que confirmer mes attentes sur ce stage.
Pour ce qui est des chansons... Moi je suis très limité dans mon répertoire des grandes chansons, avec des pieds par moments en-dehors de ces limites. Mais les gens qui me connaissent bien n'apprenent qu'en peu de temps (et ce fût le cas lors de ce stage) que je suis surtout À FOND sur les chansons Disney à la syllabe près, et sur quelques chansons de comédies musicales.
Donc mes choix se sont centrés sur ces titres :
  1. J'aurais voulu être un artiste ou Le blues du businessman - Daniel Balavoine : les paroles m'ont toujours touché, et le personnage se rapproche de ce que j'ai cauchemardé à devenir, c'est-à-dire, un homme à la vie bien remplie professionnellement, mais surtout plein de regrets de ce qu'il aurait voulu être.
  2. Ma Vie (version française de Memory, d'Andrew Lloyd Weber) - Prisca Demarez : les paroles et la musique sont émouvants, parfaitement fidèles à la traduction originale. Et comme la chanson de Balavoine, ci-dessus, un personnage qui a envie de hurler (ou plus correctement de chanter...) au monde entier la vérité vraie, ce qu'il est réellement, ce dont il a envie, ce dont il rêve, ce qui le fait enrager... c'est tellement ce que j'ai envie d'exprimer. Par ailleurs, toutes les interprétations de Prisca, notamment quand je suis allé la voir interpréter ce rôle sur le spectacle CATS à Mogador, m'ont profondément ému. La mélodie est aussi assez compliqué pour être un bon exercice pour apprendre à chanter.
Si je n'avais pas eu le droit à cette chanson, étant donnée quelle n'était pas sur la liste proposée, j'aurais gardé de côté Tout le monde veut devenir un cat du film d'animation Les Aristochats (1970). La seule chanson Disney dispo sur la liste du pianiste. Et pourquoi j'aurais choisi celle-ci? En un mot : Disney (je l'ai déjà dit). 
Le tout, en attendant le 12 juillet, restait l'étude minimum de la mélodie de chaque chanson choisie, ce qui était pas gagnée (à suivre...).

Rachel Pignot
Mais l'élément qui a marqué mon début de stage, était la veille, le 11 juillet : ma rencontre avec l'héritière de cette chanteuse en haut de l'article, une voix d'ange, un talent sensationnel, belle et gentille, une véritable Blanche-Neige qui a repris ce rôle dans la partie chantée du film Disney dans le redoublage de 2001; elle participe au concours de la RATP pour rentrer à l'Olympia, j'ai nommé Rachel Pignot, comédienne et chanteuse française dans toute sa splendeur. Je l'avais rencontré vite fait le temps d'un autographe à la soirée-concert Dans l'ombre des studios fête son non-anniversaire au Vingtième Théâtre (disparu depuis) le 18 avril 2016. Lorsque j'ai appris qu'elle participait à ce concours, je suis allé la rejoindre à l'endroit prévu, à la station Strabourg-Saint-Denis, où elle chantait à la guitare un bon nombre de chansons le soir jusqu'aux derniers métros...
Mais pour chanter avec elle, j'attendais d'avoir déjà quelques cours avant de commencer, il fallait attendre demain soir.

Jour 1 (♫ Celui qu'on retient )

A y est, le réveil et l'itinéraire sont parfaitement mis en place à l'avance : réveil en pleine forme dès 8h. Le lieu du stage ne se situe pas à l'adresse du Cours Florent dans le 19e arrondissement, mais dans une rue à proximité de Barbès - Rochechouart. Cela fait presque 3 ans que je ne suis pas retourné dans ce quartier où j'y travaillais au McDo et logeait dans une résidence d'étudiants à Château Rouge (à seulement quelques mètres de là). Et honnêtement, le quartier n'a pas changé depuis mon départ : à peine que je sors de la station de métro, qu'un type se fait embarquer par les flics, entouré de personnes qui donnent envie de surveiller de plus près ses effets personnels... 

FGO-Barbara
Cela m'a rappelé aussi qu'il ne fallait pas que je trace non plus vers l'endroit prévu, mais que j'évite surtout de faire mon touriste dans le quartier et y aller directement. Me voilà donc au FGO Barbara, un centre musical sur la rue Fleury. Je me trouve donc sur les lieux, environ un quart d'heure à l'avance. À peine je me présente à l'accueil pour dire que je viens pour le stage des Cours Florent, qu'on me dit d'attendre aux côtés de jeunes filles qui se trouvent en cercle devant le comptoir.

Ceci marque une intro à la présentation individuelle de chacun pour plus tard quand nous nous trouvions dans une grande salle de danse du premier étage. Assis sur des chaises en arc de cercle, les profs et la responsable pédagogique de l'école sont en face de nous. À tour de rôle, nous nous présentons en quelques lignes sur notre parcours, nos objectifs (en dehors de chanter bien sûr). À ma grande surprise nous n'étions que très peu à être issus d'une formation professionnelle du spectacle, et nous n'étions que deux acteurs. D'autres avaient pris de véritables cours de chants, dans des chorales et au lycée et autres; d'autres tentaient de se reconvertir depuis leur métier ou formation actuelle. Nous venions tous des 4 coins de la France, mais aussi de Belgique, de Suisse, et même de Russie. Les présentations avec le directeur se sont fait très rapidement.

Mais nous venions tous pour chanter, et aussitôt, les échauffements et les petits jeux s'entament assez vite après ce tour de présentation. Des exercices comme "la machine infernale", ou les guides vocaux pour aveugles, et j'en passe et des meilleurs... tous ces exercices me rappellent pas mal d'exercices de théâtre par lesquels on est forcément obligés de passer dans une école de formation d'acteur. La citation de Lucie Dolène se confirmait un peu plus chaque jour de la semaine, ainsi que certains conseils de mes amis pour se préparer à chanter : ce lien entre la comédie et le chant. Le courant passe super vite, si bien qu'il est prévu qu'on déjeune ensemble dans la salle du bas pour se connaitre un peu plus, et même qu'on prévoit d'autres trucs (à suivre aussi...)...

L'après-midi, est venu LE moment crucial où il fallait chanter en solo. On devait chanter un ou deux couplets ainsi que le refrain du duo des titres qu'on a choisi à l'avance, pour déterminer quelle chanson on allait travailler durant la semaine. Sur un concept assez original de tirage au sort, je passe le dernier dans les passages individuels, où nous avons eu le droit aux premières larmes du stage. Je dis premières car dès que je me suis inscrit vers le mois de février pour ce stage, je m'attendais à avoir ou voir quelques larmes au milieu de toutes ces chansons. Même les profs nous l'ont dit quand les premières se sont mises à couler : l'émotion, la beauté de notre voix que l'on découvre, le trac, ou je ne sais quelle performance qui nous dépasse comme la première intervention sur scène du personnage de Christine Daaé dans Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, etc... Moi, c'est limite si j'en rêvais que certains de ces premiers points m'arrivent, jusqu'à m'en faire pleurer, la recherche de sensations fortes a souvent été mon truc sur scène... Et je dois dire que tellement d'élèves, avaient dès le premier jour de ce stage, un don inné pour la chanson. Ce qui pour moi, n'était pas très encourageant aux premiers abords, mais j'ai repensé à cette audition du 19e arrondissement, et à quel point j'ai été découragé et démuni de mes moyens pour être à la hauteur de mes capacités. Mais pas cette fois, j'ai décidé qu'il en serait autrement...

Toujours est il que mon tour était venu, et ma sensation ressemblait à cette photo ci-contre : l'angoisse et le plaisir le plus total. Pourtant je me suis ressaisi, j'ai souri, et l'atmosphère était différente dans cette salle qu'au Conservatoire du XVIIe, j'étais un peu plus en confiance avec les autres... C'est là que j'ai menti pour la bonne cause dans le choix de mes chansons : j'ai finalement choisi Ma vie et Tout le monde veut devenir un cat. J'ai commencé le premier titre, et me suis mis à chanter, et (accent de Christina Cordula) : "Ma chériiieeee! C'est catastrophaïque!"

Et ça l'était, et je l'assumais pleinement, j'en avais pas honte contrairement à d'habitude. Pourtant les exercices de souffle m'ont bien aidé depuis le début de la journée. D'ailleurs, ça me permettait de suivre les indications des profs qui me demandaient d'aller plus haut dans mes notes. Même après plusieurs tentatives, on en a donc conclu qu'après l'essai des deux chansons, que mon problème restait surtout au niveau de l'accordage (le réglage au niveau des notes qui n'étaient pas les bonnes et de mon volume) ainsi que quelques petits problèmes rapides d'écoute musicale (le rythme, je galérais pas mal à savoir à quel moment il fallait que je pousse la chansonnette). La chanson qui pourrait être plus ou moins adapté à travailler ces problèmes durant toute la semaine, serait mon premier choix : Ma vie de Prisca Demarez.

La journée s'est terminé là-dessus. Et sans rentrer dans les détails et des moments de la journée, je me suis remis plusieurs fois en question tout au long du stage : est-ce que j'apprendrai à chanter à correctement? est-ce qu'une semaine serait suffisant pour apprendre les bases minimum du chant?

A la fin du cours, on prenait tous un verre dans le quartier indien entre la Gare du Nord et de l'Est, dans les jours qui suivirent nous avons beaucoup appris sur la respiration, et sur les étapes, les clefs d'accordages et autres secrets transmis par nos professeurs qui se relayaient selon les journées. Et nous avions aussi de temps en temps notre pianiste qui nous accompagnaient, car autre problème : savoir écouter la musique et savoir à quel moment il fallait que je reprenne, c'était pas trop mon fort.

Très vite, je me suis intéressé de plus près à ma nutrition : éviter le sucre, et les boissons gazeuses avant tout. Je me suis rendu compte très vite qu'un simple petit dragibus pouvait me picoter la gorge au point de me faire tousser fort depuis que travaillais ma voix. Et inutile de détailler la honte qui peut arriver quand on rote au milieu d'une chanson (ce qui ne m'est pas arrivé heureusement).

Le soir du premier jour, je suis retourné voir Rachel Pignot qui faisait son dernier concert dans le métro avant de partir en vacances. Quand quasiment tout le monde était parti, on a chanté Champs-Élysées de Joe Dassin. Avant ça, lui disant que j'allais continuer à entamer un stage le lendemain pour apprendre à chanter, elle me dit ces quelques mots que je n'ai pas perdu :
"Ne perds jamais le plaisir que tu as à chanter."
Car elle m'a bien fait comprendre qu'à force de vouloir encaisser la théorie, de vouloir bien faire, on peut finir par se casser la figure, car on en oublie le plaisir qu'est de chanter. Je suis reparti sur ces belles paroles, 'fin prêt à apprendre. J'ai surtout était surpris à m'endormir si vite alors que j'étais tout excité à être à demzzzzzzzzzzzzzz...

14 juillet

Après quelques hauts et bas dans les doutes, je me suis tout de même accroché en tachant de concilier plaisir et apprentissage comme me l'ont enseigné mes profs et Rachel... Et les techniques restaient facile à apprendre ou à apprivoiser pour le moins.

Mais les moments de stages que je préférais, même si je passe pour un cancre sur ces quelques mots, c'était en dehors des cours. Quand on passait nos soirées et nos midi à s'accompagner à la guitare (avec un des élèves qui est passé le 2e jour de notre stage de chant à celui de composition dans l'étage du dessus, et quelqu'un d'autre qui venait du même cours que celui-ci), à chanter des chansons connues ou improvisées, à travailler nos chansons du stage aussi.

Le mieux, ça été le 14 juillet... Dès la sortie du cours, on est devenus inséparables : voilà qu'on allait faire les courses pour qu'à 19h à peu près on se retrouve tous au FGO-Barbara, et hop! direction la Tour Eiffel pour notre premier feu d'artifice parisien!
Mais ce n'est pas seulement à l'arrivée que ça été une des plus belles soirées de ma vie (que je compte sur mes doigts) : depuis la ligne 2 du métro, un artiste de la rue gagne sa vie à l'autre bout de la rame en chantant et jouant de sa guitare. Alors on l'a accompagné, et quand il est sorti avec nos félicitations, on a continué avec plusieurs chansons (dont Champs-Élysées de Dassin qui a occupé ma tête durant des jours après ça). Et avec tous ces gens qui nous regardaient, nous accompagnaient, nous filmaient même, peut-être parce qu'avec les événements récents qui se sont passés avant le stage ne tournaient pas forcément à l'avantage de ma bon humeur et joie de vivre ou peut-être parce que le courant de mon année scolaire était à moitié vide, mais quoi qu'il en soi (ou en satin héhé.... hem...), durant ces moments en publics j'ai eu l'impression d'avoir réalisé un rêve auquel que je n'aurai même pas pensé auparavant... Difficile à expliquer du comment et du pourquoi. Puis les chansons à la guitare se sont même allongés sur la ligne 6.

On a eu un mal fou à trouver une place sur la pelouse, si bien que je me suis dit qu'on aurait dû partir à la fin du cours. Du coup, notre pique-nique s'est déroulé dans un triangle le long du Champ-de-Mars, et en plus de la chanson, on profitait du son émanant du concert au pied de la tour Tour Eiffel.

Quand le moment est venu d'ouvrir le feu, on a bougé pour trouver le meilleur endroit pour voir le feu d'artifice. Même assis sur le béton d'un parking durant 30 minutes, dès que ça a commencé, on était de véritables enfants devant un spectacle à Disneyland mais en mieux. Et on était quand même plus que prêts avec nos voix pour chanter La Marseillaise.

La galère fût longue au retour pour sortir du bain de foule: trouver un taxi pour la moitié du groupe, l'autre qui prenait le métro. On a même failli se prendre la tête pour rien, mais j'ai adoré cette soirée.

Je me demande si le lendemain je ne suis pas arrivé en retard. Je ne sais pas, mais c'est sûr, il y a eu un jour de la semaine où je suis arrivé un chouïa en retard oui.

Les derniers jours

Sur les derniers jours, j'ai eu la vague impression de n'avoir que très peu chanté par rapport aux autres. Réalité ou impression? that is the question. Bref! Sur le reste de la semaine, en plus des chansons que l'on chantait en chœur (où on a eu le droit à Because des Beatles et Marins, amis, amants ou maris des Demoiselles de Rochefort), on passait tour à tour en individuel. Chaque passage était long en fonction de la personne, de ce qu'elle devait travailler, on y passait presque une demi-heure, mais c'était utile pour qu'on sache aussi en dehors des cours, qu'on décrypte sur les uns et les autres ce qui était à travailler. En plus, on restait attentifs pour également noter sur nos calepins certains éléments essentiels à retenir pour notre voix. Chacun d'entre nous avait un doudou : un toc qui revenait sans cesse, sans forcément en se rendant compte de son existence, pour nous rassurer, nous cacher derrière ce doudou. Moi, c'était le regard stressé, et les mains qui essayaient de suivre le rythme. Mais la plus grande gêne, qui énervait les profs (mais alors vraiment), c'était mon dos que je ne gardais pas droit, et la tête que je levais toujours (parce que je pensais inconsciemment que mon do de départ arriverait plus haut : c'est con je sais, mais inconscient...).
Pour ce qui est de lâcher prise, qui aurait cru que la méthode employée aurait marché :
"Le meilleur moyen de l'expliquer, [...] c'est de le faire - Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll
Je ne dévoilerai pas les secrets que les profs ont tenu à ce que l'on garde secret. Ce que je peux dire, c'est que, quand mon tour individuel est venu sur les derniers jours, j'ai essayé de travailler sur une chose assez importante : accepter ma voix telle qu'elle est. Car même durant la semaine on me disait que, lorsque j’atteignais une note exacte, on me disait que c'était très bien alors que j'étais très moyennement convaincu de ce que j'avais donné. Aussi parce que mentalement parlant, j'ai toujours gardé cette idée d'avoir une voix d'enfant, alors il fallait que je jette ça à la poubelle désormais... Mais puisque je leur faisais confiance, tant aux profs, qu'à mes amis qui m'entouraient, je me suis lancé...

Toutes personnes ayant participé à ce stage ne pourra nier que certains d'entre nous ont eu quelques méthodes assez étonnantes comme garder le corps fixer contre des personnes qui tentaient de lutter votre corps, un bras ou une jambe pour une personne qui devait la tenir et s'assurer qu'elle soit détendue, chanter allonger... Le tout en suivant les indications de la prof. Et beaucoup de ces exercices étaient connus dans les échauffements en cours de théâtre.

Il faut savoir qu'on a eu un cours où on a étudié de manière approfondie, de manière passionnante je dois dire, la chanson de quelqu'un d'autre. Et lisant au fur et à mesure un couplet et un refrain, on décryptait les chansons. Et la mienne, mine de rien, me faisait explorer tellement de choses en dehors de l'histoire qui a servi à CATS. Je découvrais tout un autre monde derrière ce texte, avec quelques similitudes liés à la comédie musicale, certes, mais c'était un nouveau personnage, une autre atmosphère (Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère!... Pardon je n'ai pas pu m'en empêcher...), et ce qui donné ma vision des choses, qui rendait la chanson plus personnelle qu'elle ne l'était pour moi au départ. Elle me parlait plus, et les paroles venaient plus de moi.

Après plusieurs exercices d'accordages en chœur tout le long de la semaine, et de quelques essayages sur mes déplacements par un décor humain, voyons comment ça s’appliquait en solo...

C'est ainsi que mon exercice spécial, s'accomplit avec un bandage des yeux. Comme j'avais rempli sur mon formulaire que j'avais une formation en danse, on me demande alors d'exprimer ce texte en chantant et dansant à travers la salle. Avec 3-4 personnes sur les côtés au cas-où, évidemment. De plus j'ai pu imaginer l'endroit où mon personnage issu de chanson était, j'ai pu le visualiser plus facilement, j'étais un peu plus dedans. 


Et même si sur tout le long, je n'étais pas convaincu, j'ai tenté tant bien que mal à rester sur les rails, à trouver les bons accordages, à trouver le bon moment pour reprendre le couplet suivant, même si ma voix me dégouttais, même si les notes hautes et basses semblaient à mon sens exagérés, je continuais jusqu'au bout. Une fois les dernières notes au piano retentissants... à peine le temps d'enlever le foulard qui me couvre les yeux, que j'entends de grands applaudissements de tout le monde. Mazette, j'en ai pas eu des comme ça depuis tellement longtemps!

En général, quand un(e) prof dans le milieu du spectacle, vous pose une question du genre "Est-ce que tu l'as senti là?", c'est qu'il y ait de fortes chances pour que vous ayez été bon dans votre dernière performance. Et apparemment ce fût le cas.

Pourtant je reste sur l'entre-deux, à être moyennement convaincu par ma performance. J'étais juste fier d'être allé jusqu'au bout et de voir d'après les retours des autres stagiaires que cette formation portait enfin ses fruits.

La fin (♫ de ce monde qui n'entend rien ♫)

Sur les derniers jours, nous avons continué nos chansons en chœurs ainsi que nos travaux sur l'accordage et la respiration. Malheureusement, entre-temps, un après-midi où on devait se consacrer à l'interprétation, le coaching scénique n'a pas pu se faire l'avant-dernier jour. Du coup, on a continué le coaching vocal.

Le dernier jour est arrivé et nous devions passer, après les grands échauffements du matin, devant le directeur du Cours Florent Musique, et quelques membres de l'équipe pédagogique... La sensation ressemblait à celle qu'on a lors d'une audition, sauf qu'il n'y a quasiment que des amis dans la salle. L'atmosphère en devient aussitôt apaisante lorsqu'on est entouré de regards encourageants qui vous guident d'un simple mouvement des doigts ou à un simple hochement de tête.

La salle paraissait plus grande que d'habitude, il n'y avait cette fois-ci qu'un pupitre pour enregistrer le filage de nos chansons côté jardin (on nous a donné préalablement notre ordre de passage), un pianiste au piano côté cour, et un grand arc de cercle long comme une piste d’atterrissage, parsemé de calepins et de caméras au garde à vous. La sensation ressemblait à nos premiers essayages de chansons en début de stage. En pire ou en mieux???

J'ai commencé, et SUR LA BONNE NOTE (un do haut placé)! Ensuite ça s'est vite corsé sur le fait que notre pianiste n'est pas présent sur la totalité de nos cours. Et comme entre mon texte et sa partition il semblait avoir quelques coupures, il fallait qu'une des profs soit là pour l'indiquer, mais j'allais et venais, tout de même, entre les rails qui filaient plus ou moins droit et le décalage.

Disons comme sensation sur la fin, j'étais un funambule entre pas trop sûr de ce que j'ai accompli, et la fierté de voir à travers ces regards impressionnés par rapport à mon dernier passage. Et je tâchais tant bien que mal à plutôt rester dans cette dernière zone.

Tout le monde a fait progrès colossal, si bien qu'à un moment j'en ai eu des frissons, sans mentir, jusqu'aux redressements des poils de mes phalanges.

En gros, c'est comme si notre voix passait de celle qu'on entend au début à celle qu'on entendait à la fin, si vous voyez ce que je veux dire :

De mon côté, ce dernier passage, d'après les retours que j'ai eu, signifiait que j'allais en progressant, malgré la galère avec le piano. Ce que les profs ont confirmé quand j'ai reçu le bilan du stage deux semaines plus tard...

Puis, une fois que tout le monde était passé, un triomphe d'applaudissements, des photos de groupes, des selfies, quelques mots de nos professeurs, du directeur, ainsi que ses félicitations...

Et pour rester dans les Disney (ouais toujours ouais...), disons que ce fût un peu comme la fin de Peter Pan. En quittant, la salle de cours, notre Pays Imaginaire, où le temps s'était arrêté durant toute une semaine, nous rentrions tous chez nous. Mais heureusement, même si nous quittions les lieux de nos aventures, une autre nous attendait durant le vol où nous continuerons ce que nous faisions sur l'île : nous envoler en chantant. Nous étions des enfants perdus à l'arrivée, voilà que nous repartons, les mêmes qu'avant, du moins un peu plus grandis.

C'est à partir de là que notre soirée d'adieu a duré toute une nuit, arrosée, bilingue, et toujours en chansons, avec quelques guitares, mais avec beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de larmes à chaque personne qui choisissait de rentrer chez elle. Allez savoir pourquoi, la chanson qui a été le plus reprise dans la rue a été Ma vie de Prisca Demarez... Le sourire aux lèvres, la banane même!


Même rentré à 5h du matin, l'enfant que j'étais voulait encore sautiller, danser et chanter pour l'éternité. Car sur les profils de nos professeurs sur le site du Cours Florent, il était dit que dès les premiers cours, chanter devenait contagieux, qu'on avait envie de continuer après nos heures de cours. Tout ça pour dire que j'avais déjà la nostalgie de cette semaine bien remplie. Et qu'il suffisait de regarder par la fenêtre, dans les étoiles, les nuages, et le clair de lune, pour voir que l'aventure pourrait bel et bien continuer tant qu'il y aura de la vie, comme on regarde de vieilles photos signant des souvenirs marquants, en se disant que ceux qui nous ont accompagné dans ces beaux jours, regardent ce même bateau de notre passé en même temps que nous...


J'ai appris que, ce qu'on ne vous dit pas sur les semaines de stage comme celle-ci, c'est que lorsqu'on vous dit que c'est intensif (peut-être qu'on ne vous dit pas toujours parce que ce n'est pas forcément le cas, qu'ils n'en savent rien, ou qu'ils disent ça comme ça) c'est que ça reste intensif pour ce qui continue après les cours : l'amour qui se créer entre tous, par cette simple capacité de chanter et de partager ce plaisir.

Lors de cette soirée, l'une de nous a déclaré que ces rencontres ont été joliment calculés : comme si une personne aurait été en plus ou en moins sur la liste de ce stage, ou tout simplement un changement de dates, aurait complètement changé ce qui se passait parmi nous. J'étais bien d'accord avec elle. C'est pour cela que je décris ma décision d'avoir acheté cette semaine de formation comme "un bien joli destin", d'être fier de ne pas avoir choisi une autre année, une autre semaine où nos 39h étaient répartis sur 3 semaines dans l'année scolaire. Ce choix a été Le Bon Choix!


Entre tout ce qui nous liait à présent, ce que la chanson m'a apporté sur ma liberté, sur la vision de certaines choses, et pas forcément sur la théorie musicale, l'articulation, la respiration et les techniques de chants, sur tout ça mais aussi sur d'autres visions du monde. Ces longues marches au milieu des foules pour aller et voir le feu d'artifice parisien, ces endroits où l'on campait pour chanter, ces fous rires, ce partage, ces larmes, ces sensations...

Aujourd'hui, grâce à ce stage, quelques personnes qui le souhaitaient ont pu intégrer le Cours Florent Musique, et les chansons qu'on a pas mal répété durant la semaine du 12 au 18 juillet, sont restés dans la tête...

Merci la chanson, merci d'être vous.

J'attends impatiemment le jour où on remettra les voiles pour se retrouver, dans un an!


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Auditions des Conservatoires d'arrondissements de Paris en Art Dramatique (témoignage)

Comment ça a commencé ou comment débuter de la figuration? #cinéma #figuration