Arrêt des études, et conséquences....

Et oui, comme le dit le titre, j'ai dit ''Merde'' à mes études en Licence d'Études Théâtrales, et à mon job d'étudiant chez le McDo'.

Mon emploi du temps se résumait à 14h de cours du mercredi au vendredi, et à 24h environ au McDo le lundi, mardi, et samedi.

Déjà au niveau du boulot, un type que je connais (qui fait du théâtre encore aujourd'hui) m'a dit que c'est pas forcément le meilleur moyen pour un job d'étudiant. Par contre, je témoigne, c'est le meilleur moyen pour te faire engueuler les premiers jours. En 2 jours de boulot, j'avais choppé la fatigue d'un peu moins d'une semaine de travail au lycée. Quand on voit une souris grouiller une souris derrière la vitre de la lumière par-dessus ton poste de travail, t'as envie de vomir rien qu'à l'idée que ses... restes puissent se retrouver en plein milieu d'un sandwich. Un manager incompétent qui se fout de cette remarque. Car apparemment, cet animal est une habituée de cet établissement. Et bah désolé, c'est plus fort que moi : ça me dégoûte... 
Le premier soir, en me couchant, j'en ai eu tellement plein la tête, que l'odeur des nuggets me restaient pile-poil à l'entrée des narines : une véritable infection qui m'a empêché de dormir pendant quelques heures...



Quant à mes études, bien que je baigne dans le théâtre, c'est loin d'être les cours passionnants que j'attendais. On y est moins à l'aise qu'un cours de théâtre au lycée, ou un stage théâtre où il faut être un dur à cuire pour le réussir. Non, encore plus théorique qu'un cours de philosophie. Premier cours en amphi : la prof à son micro reparle encore de certaines notions de la STMG. Chouette! J'ai un avantage sur les autres au niveau de mes cours. Mais trop théorique à mon goût : toujours un cours de philo et une analyse longue comme un prof de français qui croit que si vous êtes en STMG, vous ne savez rien de rien à propos de la beauté d'un texte de théâtre. Par la même occasion, j'ai un livre à lire chaque semaine. Et avec quel argent? Si c'est pour me retrouver en décalage par rapport aux autres et me planter aux examens qui approchaient à grands pas, non merci. Puis je me suis fait une raison là-dessus : les éditions de pièces de théâtre, romans et essais sont composés de préfaces et dossier pratiquement plus épais que la pièce elle-même. Même si certains prétendent que ça pourrait m'enrichir sur l'interprétation ces cours, je maintiens ce que je dis : Une pile de livres, et hop! on a les cours d'un semestre d'une Licence d'Etudes Théâtrales.

  • 15 octobre :
En me réveillant le matin dans ma chambre, me voilà contre mon gré, face à un cas de conscience. Une descente aux enfers, dans un cercle vicieux : en prenant en considération les 2 paragraphes précédents. Je me suis dis, enchaînant d'une pensée à une autre :
 marre de tout ça => mais pas le choix (il faut un diplôme) => pas de chambre universitaire => pas de théâtre ''à volonté'' tard le soir => pas de pratique théâtrale => perte de temps => envie de reprendre d'arrêter tout et reprendre la pratique => pas le temps entre le travail et les études => aucune chance de devenir comédien => déprime => pas envie de bouger => et on recommence tout depuis le début!
J'ai terminé les dernières barres de Kinder Chocolat, (en promo) et je ne suis même pas sorti, j'ai passé la journée dans mon lit en repensant à tout ça... Puis pour faire passer le temps, j'ai tenté de faire un grand ménage le soir-même. Puis en me couchant, je reste toujours dans cet enchaînement insupportable de pensées...
D'ailleurs, j'ai encore menti à ma mère lors de notre dernier coup de fil (c'était le dernier des derniers), disant que j'étais allé en cours aujourd'hui. En aucun cas je ne pouvais lui dire que je voulais tout arrêter.

  • 16 octobre :
Au réveil, alors... malédiction! : panne de courant pendant la nuit. Je me réveille une fois de plus, avec le sentiment d'impuissance de continuer tout ça. Je me dis que le meilleur des remèdes serait celui d'aller au théâtre. Ne pouvant aller voir Le cercle des illusionnistes ou Le temps des suricates (voir Mon aventure avec ''Le Porteur d'histoire'' d'Alexis Michalik)...
En rentrant après tout ça, je me suis affalé sur mon lit, désactivant tous mes réveils.


  • 17 octobre :
Rien à faire, je suis en pleine dépression. Ne pouvant rien faire du tout, on recommence ce cercle vicieux en cachant secrètement l'espoir que j'ai chaton ou un chiot que je cajole apparaisse sur ma couette, à qui je pourrais parler, serrer contre moi quand je pleure d'épuisements. Mais je passais cet envie quand je me disais qu'avec le rien que j'avais, j'allais le tuer par la famine... Plus de batteries, nul part. Tout a été épuisé. Pourquoi pas un électricien? Et avec quoi je le paierais? On me demande de payer un loyer, un forfait de transports, des livres, un frais d'inscription pour les auditions de La Classe libre du Cours Florent qui approchent à grand pas, maintenant des antidépresseurs (que j'ai pas acheté), et autres frais de dossier pour je n'sais quel autre contrat ou assurance, en tout cas, en rapport avec la banque, et il fallait qu'on m'impose (tout) ça!
Seul réconfort : la lecture des Sorcières de Salem d'Arthur Miller. (je le recommande, c'est génial!... D'accord, on va pas se mentir, j'ai envie de jouer John Proctor...)

  • 18-19 octobre :
Toujours la même chose, et mes forces s'épuisent très vite. PLUS RIEN à manger. Pour aller aux toilettes, et m'abreuver d'eau (potable ou pas? aucune idée) à celui du robinet, je pouvais à peine faire 10 pas, sans avoir l'envie par instinct de survie, de m'asseoir pour éviter de m'écrouler sur place...

Je lisais toujours, et le soir, quand il n'y avait plus de lumières, j'entretenais secrètement l'espoir qu'un moment donné, une personne entrera dans cette chambre. Et cette personne sera moi dans 10 ans : il me sourira et s’assoira sur un côté de mon lit, et quand il verra à quel point je suis malheureux, il me serrera contre lui pour me dire en se balançant :
''Pleure ça va aller, pleure ça va passer. Tout ira bien. Tu es triste, tu as mal, tu as peur je le sais, mais tout ira bien. Je le sais, je l'ai vécu, je l'ai vu, tout ira bien. Je me souviens de ces soirées où tu ne savais plus rien des mots "Attendre et espérer", mais crois-moi, les fins heureuses n'arrivent pas que dans les contes de fées. Tu as raison d'y croire à ces histoires. Arrêtes tes études, ça ne va pas gâcher ta vie... Car je le sais, tout ira bien : tu deviendras un comédien, sans être une grande personne. Tout ira bien Julien. Ton tour viendra. Tout ira bien.'' 
Mais cet homme n'est jamais venu. J'en été anéanti.

Je n'avais personne à appeler : plus de batteries sur mon portable. Le risque (et le temps) énorme que j'ai pris à descendre mes poubelles un soir sur 3 étages et remonter, ça a failli me coûter la vie. Merci la rampe, ma tête a failli partir la tête la première. C'est là que j'ai compris que j'étais seul plus que jamais sur ce coup-là. Donc, j'ai laissé les clefs sur la porte, sans verrouiller celle-ci. Quand je ne lisais pas, j'avais tellement faim que je listais sur une fiche bristol TOUT ce que j'aimais en aliments, en boissons, gourmandises, plats chauds, etc... Rien que de les imaginer, m'emplissais le vente par une odeur imaginaire.

J'imaginais également ce qu'il se passait dehors à propos de ce que pensaient les gens de ce que je faisais. Sachant que je ne suis pas allé travaillé il y a 2 jours. 

  • 20 octobre :
Ce qui s’avérait être une quatrième journée sans contact extérieur et manger, était en fait une journée de secourisme. Vers 9h (je suis plus trop sûr), j'entends toquer à ma porte d'entrée à toutes vitesse. C'est là que ma mère, extrêmement essoufflé, qui avait l'air rassuré de voir que j'étais encore en vie (on va pas le nier, il y avait de quoi) rentre, et tente de comprendre le tout.
C'est en larmes, toujours sous la couette que j'avoue tout. Quant à ma mère, elle me dit que c'est pas grave, et qu'elle l'avait écrit dans un des 3 mails qu'elle l'avait envoyé lorsque je ne répondais à rien. Il aura donc fallu une sorte de grève de la faim pour qu'elle soit d'accord avec moi.

Cette affaire était partie tellement loin, que :
* ma mère a appelé mon frère pour qu'il m'appelle, et appelle au final le commissariat (alors qu'il habite en Bretagne);
* elle avait appelé son petit ami, pour qu'il appelle son frère, que celui-ci envoie un message à Régis pour demander si Vincent m'avait vu récemment (je sais c'est long comme route).

Donc, avec ma mère, on quitte Paris en emportant le plus d'affaires avec nous puisqu'elle est venue avec sa voiture. On se nourrit sur la route. Content de quitter la fac certes, mais vous savez pas le pire. Attention...

  • La semaine qui suivit :
Ma mère a tellement honte de ma désinscription, qu'elle m'engueule à tout bout de champs, raconte des méchancetés sur moi à toutes les personnes au téléphones. Tellement honte, qu'elle refuse catégoriquement que je vienne à un dîner familial à Rebais. Et elle enchaîne d'autres sous-entendus et excuses bidons pour que je ne voie personne. Elle pense que je suis faignant, bon à rien, un inconscient de la vie, et j'en passe... Pareil de la part de son mec. En fait, son histoire de mail a bel et bien existé (j'ai vérifié), mais ce n'était qu'un mensonge.

Maintenant, je suis le responsable tous ses problèmes. Un avion pourrait se crasher sur la maison, ça serait moi le responsable. Quand je suis retourné voir le McDo pour m'expliquer en cachant la partie de l'hygiène de l'établissement, une collègue avait l'air inquiet par rapport à ma dépression, et m'as dit ''Surtout, reposes-toi!''. Avec une mère pareille, c'est encore pire qu'une épreuve de Jigsaw de se reposer.
Je me suis inscris à la Mission Locale (société publique pour les 16-25 ans pour les aider à s'intégrer dans la vie active et diverses formations), et continue d'envoyer ma candidature à des castings, pendant ce temps, ma mère continue à dire du mal de moi, ainsi que mes frères, et d'autres que je nommerais pas. Encore plus douloureux que 3 jours enfermés. Moi qui rêvais pendant ce temps-là un contact humain je m'attendais à mieux que ça...
Quand je pense que certains de mes amis ne font pas études, ont arrêtés ceux-ci plus tôt que moi, ou comme moi ont décidé de ne faire que de la pratique; et on ne leur dit rien... Dîtes-moi que je rêve. J'ai mérité quoi pour en être torturé ainsi contrairement à d'autres?!? Je comprends plus rien!

Il faudra pas se plaindre si un jour, je n'ai plus aucune vie en dehors du Porteur d'histoire.

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